Emmanuel Boitier photographie la nature en mêlant lumière ambiante et éclairage artificiel. Une manière de mettre en valeur les particularités de ces arbres remarquables et la relation entre l’homme et son environnement.
Emmanuel Boitier photographie les arbres comme il photographierait les hommes. Tout a commencé il y a une dizaine d’années. Cet ingénieur écologue participe alors à une expédition scientifique au Vanuatu, au nord de la Nouvelle Calédonie, en tant qu’entomologiste. Adepte de macrophotographie, il profite de l’occasion pour enrichir sa collection d’images et ramène une série de clichés de cette mission du bout du monde. À son retour, de nombreux magazines publient ses reportages, de Géo à Terre Sauvage en passant par National Geographic : la carrière photographique d’Emmanuel est lancée.
Puissance et compacité
À l’origine de l’approche photographique d’Emmanuel, une contrainte technique : « J’ai avant tout un travail d’illustrateur pour les magazines, il faut qu’on voie l’arbre », justifie t-il pour l’utilisation première du flash dans ses images. Au départ assisté d’un simple flash cobra, il est vite confronté au manque de puissance face à ces sujets imposants. Mais le photographe ne veut pas faire l’impasse sur la transportabilité et se heurte à plusieurs contraintes relatives à l’éclairage d’un arbre.
« Il y a plusieurs contraintes dans le type de photographies que je réalise, résume t-il, la première, c’est la puissance - pour contrer la lumière ambiante et pour me permettre d’avoir suffisamment de recul sans que le matériel n’apparaisse dans le cadre. » Vient ensuite la question de la compacité : « c’est antinomique car on pense souvent que puissance et compacité ne font pas bon ménage, note-t-il, mais j’ai souvent quelques kilomètres à faire avant d’arriver à un arbre, je dois donc pouvoir transporter mon matériel sans trop d’effort. »
Outre son poids, un matériel discret sera facile à camoufler dans les herbes ou derrière un rocher. Selon les arbres, un Profoto B1X peut suffire. Pour sa dernière série sur les plus vieux chênes de France, Emmanuel est parti avec un Profoto B1, un Profoto B1X et un Profoto A1.
Un set up de séance portrait
Tout au long de l’année 2018, Emmanuel et sa compagne ont parcouru les régions de France pour immortaliser ses chênes remarquables. Chaque séance dure entre 1h30 et 2h et permet de nouer une relation particulière avec le sujet. « Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui reste insensible face à de tels arbres, commente le photographe, ils interrogent notre rapport au temps. » D’où l’importance de mettre en avant leurs particularités et de bien contraster les troncs : « Chaque arbre est différent même s’ils sont de la même espèce. Ils ont leur histoire, leur forme, c’est cette diversité que je voulais mettre en lumière. »
Emmanuel a sa routine : il sous-expose légèrement son image générale afin de faire ressortir l’arbre et permettre à la lumière du flash de mettre en évidence le tronc. Les différents outils de modulation de la lumière sont ici d’une aide précieuse.
Sur cette image, Emmanuel a placé un Profoto B1X avec un OCF Zoom Reflector sur la gauche, dirigé vers le tronc et légèrement incliné vers le haut. Sa compagne, qui l’assiste régulièrement sur ses prises de vue, est montée dans l’arbre afin d’éclairer la zone de mousse à l’aide du petit Profoto A1 : « il est tellement maniable qu’il permet de moduler encore plus la lumière en se cachant dans des endroits improbables, s’amuse le photographe, cette zone de mousse était intéressante et sa mise en lumière donne un petit côté magique, irréel, on va un peu plus loin que le seul éclairage du tronc. »
La qualité et la constance
Lorsqu’on photographie la nature, il faut pouvoir compter sur l’autonomie des flashs mais aussi sur la régularité de la lumière. « C’est quelque chose que j’apprécie particulièrement chez Profoto, relève le photographe, la qualité de lumière est disponible très rapidement mais elle est surtout constante et régulière. Si je fais un shooting sur toute la journée, je n’ai pas de variation de lumière de flash. »
Vous trouverez peu de nature sauvage extrême dans le travail d’Emmanuel, les différentes commandes qu’il réalise confirment chez lui un net penchant pour les territoires encore occupés par l’homme. C’est peut être ce lien entre l’humain et la nature qui souffle inconsciemment l’idée au photographe de penser ses prises de vue comme une séance de portrait. « Quand on est face à un arbre remarquable, aussi imposant, on n’est plus vraiment devant un arbre, c’est comme un individu », souligne t-il. La présence humaine dans les images d’Emmanuel passe aussi par cet éclairage artificiel : on ne regarde plus un arbre mais un arbre photographié par un homme, extrait de son environnement et sorti de l’anonymat à travers la photo.