Albert Watson est une légende de la photographie de portraits. Son utilisation de la lumière est audacieuse et intuitive. La manière dont il la façonne est l’essence-même de bon nombre de ses images iconiques si familières. Pour cette séance, il a photographié Sergei Polunin, le célèbre danseur. De l’équipement Profoto était à portée de main pour préparer la scène et capturer la lumière qui façonnerait les images finales.
Un visionnaire et un danseur
Albert Watson et Sergei Polunin sont les meilleurs dans leurs domaines de prédilection respectifs. La séance fut aussi intense qu’inspirante, bouillonnante d’énergie créatrice. De la magie est née de cette séance à Manhattan.
La vision d’Albert et son jeu subtile avec la lumière reflètent ses compétences exceptionnelles qui offrent à ses images un niveau artistique inégalé. Il transforme une image exceptionnelle en expérience artistique.
L’image de mauvais garçon de Sergei Polunin apporte de la nervosité et de l’émotion à la danse classique, et son style puissant transforme le ballet en art moderne. Le mélange explosif de romance et de risque qu’il incarne constitue une base parfaite pour un portrait réalisé par Albert.
Mettre la scène en place
« Parfois, la route qui mène à l’image finale n’est pas claire. Ce n’est qu’en arrivant au bout du chemin que vous savez que vous avez réussi. C’est un vrai mystère ».
Avant la séance, Albert a étudié les œuvres de Michel-Ange et de Caravage. Les images finales ont révélé ces influences auxquelles il a ajouté une touche contemporaine. Selon Sergei, ces images ressemblent à des sculptures modernes. Comme il le dit lui-même : « Vous voulez être dans cette image. »
Pour créer son image emblématique, Albert a conçu la scène attentivement en s’assurant qu’il disposait des personnes et de l’équipement adéquats.
Afin de s’entourer des meilleurs, il a soigneusement sélectionné la styliste, les coiffeurs-maquilleurs, ainsi que ses propres assistants qui travaillent avec lui depuis plusieurs années. Bien connaître cette équipe et communiquer avec celle-ci est primordial pour la réussite de la séance.
Ensuite vient la lumière.
La lumière est essentielle à la création des images d’Albert. Il s’assure toujours que les sources de lumière et l’équipement adaptés sont à portée de main. L’équipement choisi façonne la lumière des images emblématiques qui font sa réputation.
Pour cette séance, il sort de leurs boîtes de nouveaux Profoto Pro-10 qui participeront à créer l’image finale. Albert utilise les produits Profoto depuis quarante ans. Il n’a jamais changé de matériel, car il apprécie la fiabilité et la qualité de la marque.
Communiquer
Réaliser un superbe portrait n’est pas juste un exercice technique, c’est aussi un travail conscient, aussi bien pour le photographe que pour son sujet. Albert : « Vous devez établir une relation afin que la personne apprécie l’expérience. »
Les qualités de communicant d’Albert sont l’une des composantes de son don de portraitiste. Il croit fermement que le principal talent d’un photographe est « de capturer un personnage. » Trouver la singularité de ce personnage permet d’obtenir l’image souhaitée.
Obtenir l’image
Sergei a apporté du mouvement à cette image. Albert voulait immortaliser le bon moment à l’aide des accessoires et de la lumière appropriés. Selon Albert, le fait que Sergei soit un danseur remarquable a beaucoup aidé, car il a pu apporter des ajustements très fins à chaque prise.
Tout est une question de timing dans la photo de danse. Le corps est dans un état de grâce à l’apogée du saut. Lorsque vous trouvez ce moment, l’énergie est à son maximum et vous obtenez l’image la plus nette qui soit.
Pour cette séance, Albert travaille avec trois Profoto Pro-10 pour figer le corps de Sergei en mouvement. Grâce à la vitesse et à la puissance uniques du Pro-10, Albert a pu saisir ce moment figé au point d’acmé du saut pour créer ce qu’il appelle un « portrait en mouvement ».
Albert a constaté qu’il voit la vie à travers le rectangle de l’objectif. Il construit chaque image dans ce rectangle, de la conception à la composition finale. Avec précision, il aiguise la géométrie et le graphisme de l’image, l’apparence, le fond et les angles.
Pour l’image principale, Albert a expérimenté différents fonds et tissus jusqu’à obtenir l’effet recherché. Il a commencé avec une toile blanche en guide de fond, mais après quelques prises de vue, cela ne lui convenait pas et il est passé à un fond noir. Il a remplacé le tissu à motifs par une simple mousseline noire. Au début, Sergei tournoyait au travers du tissu, plutôt que de sauter dedans. Pour une vidéo, cela aurait été parfait, mais pour une photo, la configuration était trop rapide et compliquée. Albert a demandé à deux assistants de grimper sur des échelles et de lâcher le tissu quand Sergei sauterait dedans.
Grâce au Pro-10, Albert a capturé la netteté du moment. Il a réfléchi la lumière de façon à ce qu’elle rebondisse sur le tissu, créant ainsi un mouvement autour du danseur figé.
Façonner la lumière
Depuis le début de sa carrière, la lumière est au cœur de chaque image d’Albert. Il évoque invariablement la simplicité lorsqu’il décrit sa relation avec la lumière et la façon dont il l’utilise. « Débutez simplement, puis construisez la lumière. L’expérimentation est primordiale. Rendez la lumière intéressante. » En vous éloignant des routines d’éclairage habituelles, vous donnez corps à votre art, et cela vous permet de voir votre image d’un nouvel œil.
Une fois qu’il a mis en place la scène, Albert se concentre sur la lumière, en la façonnant pour créer l’atmosphère et le décor. En studio, Albert joue avec la lumière, en la décalant et en la façonnant pour obtenir l’effet souhaité. Il se focalise sur la qualité de la lumière et commence en mettant en place simplement son équipement. « J’aime débuter avec une lumière simple, puis la faire évoluer. »
Regardez l’image de Sergei avec la couronne de laurier et la façon dont la lumière descend sur son visage, de façon uniforme, même sur ses pommettes, malgré l’inclinaison de sa tête. Pour cette image, Albert a utilisé des Profoto Softlight Reflectors (aussi connus sous le nom de bol beauté) afin d’obtenir une lumière douce et une définition nette des contours naturels du visage de Sergei. Il oriente une seule source principale sur Sergei et construit l’image à partir de là. « Il est important d’être très précis tout en restant simple », dit-il.
Il construit la lumière lentement, car il considère chaque petit détail. La lumière est l’essence-même de l’image. Il canalise sa puissance grâce à la position des réflecteurs, l’inclinaison de la tête de Sergei et l’angle de la lumière sur Sergei.
Il travaille avec des drapeaux pour contrôler et façonner la lumière en mettant l’accent sur les zones qu’il souhaite éclairer et en détournant l’attention des zones où il veut moins de lumière. Il a une idée de la façon dont il souhaite créer l’image avec la lumière et il dirige ses assistants pour donner vie à sa vision. Il leur indique comment déplacer et incliner la lumière. Il demande à l’un de ses assistants, Edward Smith, un drapeau long et étroit pour réduire la lumière sur le front de Sergei. Edward improvise, il déchire un morceau de carton noir et le tend à Albert. Le positionnement précis du carton lui permet d’obtenir le résultat souhaité : il assombrit la lumière sur le front de Sergei tout en conservant la lumière sur ses yeux, son nez et ses pommettes.
Créer de l’art
Albert trouve son image finale. En retouchant quelques petits détails, il obtient l’image parfaite. Avec ça, son image se transforme en œuvre d’art.
La touche finale magique
Trois images emblématiques sont nées de la magie de cette séance. Dans le documentaire « Danseur », la grand-mère de Sergei raconte que lorsqu’il était jeune, il dansait avec son âme et se laissait porter par la musique. Avec son talent et ses compétences en façonnage de la lumière, Albert a traduit ces mots en images.
Équipe de création
Photographe : Albert Watson http://www.albertwatson.net/
Talent : Sergei Polunin
Styliste : Freddie Leiba
Coiffeuse : Tomi Kono
Coiffure et maquillage : Seong Hee
Assistants : Taro Hashimura, Edward Smith
Opérateur numérique : Adrien Potier
Photographe du making-of : Samantha Grönblad http://www.samanthagronblad.com/
Studio : Dune Studios http://dunestudiosnyc.com/