Le photographe Robert Capa a dit un jour : « Si vos photos ne sont pas assez bonnes c’est que vous n’êtes pas assez près. » L’image d’Albert Watson représentant un jeune garçon en gros plan recouvert de pigments bronze montre la manière dont la lumière et la proximité de l’appareil peuvent donner quelque chose de fascinant. Il voulait obtenir un gros plan du visage parfait d’un garçon en grand format.
Obtenir le cliché parfait
L’œil particulièrement aiguisé d’Albert lui permet de voir ce que donnera une photo avant même qu’elle ne soit prise. « Je suis toujours en quête de ma prochaine photo. » Cette conscience de ce qui l’entoure lui permet de déclencher au bon moment, qu’il se trouve à 1 h du matin en plein Paris ou sur les côtes brumeuses d’une île écossaise.
Pour cette séance, Albert travaillait sur une campagne publicitaire pour Gap. Un modèle de cinq ans se trouvait là, assis devant Albert qui était fasciné par la beauté du visage du jeune garçon. Le photographe a demandé à la maman du modèle si elle et son fils pouvaient revenir après la journée pour d’autres photos. Une idée prenait forme dans sa tête.
Conceptualisation
Le style de Watson est particulièrement audacieux et visuel. Sa formation en graphisme et en cinéma sont perceptibles dans ses photos, qui sont à la fois uniques et chargées d’émotions.
Sa conceptualisation de la prise de vue influence sa pratique en profondeur. Il s’agit du lien indispensable entre le visuel et le concept. C’est de cette manière qu’une idée devient une image. On lui demande souvent d’où lui viennent ses idées. Mais il n’y a pas de réponse simple à cette question. Albert recommande de ne jamais cesser de solliciter son esprit et de rechercher constamment des idées et de l’inspiration.
Pour Golden Boy, l’idée était de donner au jeune garçon un éclat métallique, comme une statue de bronze. Pour ce faire, Albert a vaporisé des pigments bronze pour colorer la peau et modifier la couleur de cheveux du modèle, du noir au blond.
Technique
Albert a pris la photo à l’aide d’un appareil grand format 8x10 et d’un objectif standard. Cette configuration a permis d’apporter un rendu surréaliste à l’image. Le garçon se trouvait à une trentaine de centimètres. Il a ajouté un peu de lumière et a demandé au garçon de regarder bien droit vers l’appareil. Le photo n’a été prise qu’en noir et blanc. Une partie de la couleur bronze a été récupérée lors du développement en chambre noire.
Albert a utilisé la lumière pour façonner l’image selon son propre style. Les contrastes ainsi créés apportent de la texture aux cheveux du garçon et accentuent la structure de son visage. Pour Albert, cette photo est à la fois très simple et incroyablement puissante. Au-delà de sa simplicité, l’image compte de nombreuses qualités. Si vous fixez suffisamment longtemps le regard du modèle, vous avez l’impression d’avoir affaire à une statue.
Un travail tout en diversité
L’intérêt suscité par le travail d’Albert Watson provient en partie de sa diversité. Il a photographié des célébrités, des campagnes publicitaires et des affiches de film. Il a également immortalisé des paysages. Il consacre le temps nécessaire à des projets personnels qui lui sont chers. Watson est en quête perpétuelle, celle d’une nouvelle image ou d’une nouvelle idée. Nous espérons que cela vous inspirera dans votre travail. Golden Boy montre à quel point une imagination débordante peut prendre la forme d’une image bien concrète.
Golden Boy, New York City, 1990